Avec le soutien de :
"Marianne ou la mélancolie de l'isoloir"
par la Compagnie Le Dénouement Qu'on Voudrait
Résidence : 12 -> 22 février // Puilboreau
Création 2027
Spectacle tout public dès 12 ans
Durée : estimée à 1h15
Échange entre un isoloir abandonné et une passante nommée Marianne
Posé à même le sol, à peine reconnaissable : un isoloir. Manque des bouts, il est pété… Quelqu’un·e a dû s’en débarrasser. De rage ? De désespoir ?
Une passante – son nom est Marianne – trébuche sur l’objet. Coup de pied vengeur dans le métal jusqu’à ce que… tiens ?
Un isoloir… Qu’est-ce que ça peut bien faire là ?
De là, imaginons une sorte d’échange entre l’humain·e et l’objet, entre une puis des citoyen·ne·s et le symbole de nos démocraties, avec sa gueule de cabine d’essayage ou de théâtre ambulant, c’est selon.
Seront évoqués et convoqués nos désirs de faire, ou pas, vie commune, et de comment on fait ; et de ce que cela implique comme conséquences.
Équipe
Écriture, interprètes Aurélia Tastet, Ahlam Slama
Dramaturgie Isabelle Lassignardie, Didier Taudière
Mise en scène Karim Souini
Scénographie Hugues Delforge
Création sonore et musicale Dorian Verdier
Costumes Barbara Ouvray
Conseiller en sociologie du vote Jérémie Moualek
Production, diffusion Aude Thierry
Graphisme Nina Léger
Coproductions et soutiens :
Sur le Pont · CNAREP en Nouvelle-Aquitaine, La Rochelle (17) / Graines de Rue, Bessines-sur-Gartempe (87) / Les Noctambules, Nanterre (92)
En cours…
© J. Coustarot
Compagnie Le Dénouement Qu’on Voudrait
(Saint-Denis – 93)
Créée à l’initiative de la comédienne Aurélia Tastet (Collectif Random, Compagnie AIAA – Argent Pudeurs et Décadences, création 2015) et de l’archiviste et auteure Isabelle Lassignardie (Les convalescents traversent (ils) les périls, Nos restes, avec Mathias Pontevia et Julia Hanadi Al Abed), la Compagnie Le Dénouement Qu’on Voudrait s’efforce et se promet d’accompagner une création artistique riche en éléments de compréhension du monde. Créations, impulsions artistiques pensées comme kit de survie à un monde qui se meurt et au prochain qui nous vient. Le premier spectacle de la compagnie, La Motivation, un solo humoristique orienté vers l’emploi, désorienté par un lapin, tourne dans toute la France depuis 2021 (+ de 140 représentations).
Créations : La Motivation (2021)
En plus… la note d’intention
Le vote incarne nos démocraties. Il est un droit, que l’on dit durement acquis. Il est aussi un devoir : faut aller voter. En France, le droit de vote est un devoir pas obligé. Il y a celles et ceux qui n’y sont jamais allé·e·s, celles et ceux qui ont arrêté, celles et ceux qui y vont de temps en temps, celles et ceux qui y vont à reculons mais qui y vont quand même, il y a les assidu·e·s ; et celles et ceux, qui comme moi, n’ont plus envie d’y aller.
Plus envie d’y aller. Je suis fatiguée, démocratiquement fatiguée. Je frôle même, je le sens, la dépression démocratique. Peut-être, me dis-je, suis-je en burn-out électoral ? Décimée par le (re)sentiment que, quel·le·s que soient les heureux·se·s élu·e·s, nos perspectives ont toujours été, sont, et seront toujours celles de vivre dans un monde en crise. Perspective de crise, perspective d’effondrement, perspective de faut faire des efforts sinon…
Si c’était mieux avant, demain sera-t-il pire ?
Je ressens une sorte de lassitude… un grand ras-le-bol. Qu’il·elles aillent tous se faire, d’façon y a plus rien à. J’ai grandi dans un monde en crise, j’ai fait ma crise d’adolescence dans un pays en crise, je me suis insérée dans un marché du travail en crise, j’ai aimé, me suis séparée je me suis remise avec des hommes et des femmes en crise dans un monde en crise. Et depuis mes 18 ans, entre deux crises économiques, républicaines, démocratiques, identitaires, libérales, sociales, de larmes, de joie ou de nerfs, on me demande de bien vouloir prendre mon droit ou mes responsabilités, c’est selon, de citoyenne en élisant un camp, ou une personne à qui je déléguerai le devoir ou le pouvoir de tout arranger.
J’ai toujours voté. Mais là… Je préférerais ne plus.
Aujourd’hui, depuis si longtemps, on me parle à la télé, à la radio, sur les réseaux sociaux, de la montée des populismes, du bruit des bottes de l’extrême droite aux portes du pouvoir en France et en Europe, du Grand Remplacement qui vient, d’une dangereuse abstention qui monte, partout, des crises institutionnelles. Aujourd’hui, depuis si longtemps, on me parle, on me décrit, on me commente, on m’analyse une Démocratie en danger, une République en faillite, des consommateur·ice·s qui s’en foutent, un monde qui s’effondre et se réchauffe, des colères non calmées, des rancœurs qui prolifèrent…
Alors, faut aller voter.
Je préférerais aller pêcher. Et faire une sieste. Dormir, mourir, rêver peut-être… À épuisement démocratique, quelles solutions ? Y en a-t-il ?
Aux grands mots, quels remèdes ? Y en a-t-il ?
J’aimerais comprendre. Peut-être reprendre des débuts, glaner un peu d’histoire, de philosophie et de sociologie. Que peuvent nos démocraties représentatives face aux enjeux du 21ème siècle ? Quel peuple se déplace aux urnes, quel peuple ne se déplace plus ? Et pourquoi ? Démo-cratie. Le pouvoir au peuple. Qui est ce « démo » régulièrement appelé à voter pour ses représentant·e·s ? Quelle est sa « cratie » effective ? Que veulent les gens qui jouent le jeu du suffrage universel ? Et les autres, ceux qui ne veulent plus jouer ? Et depuis quand ? Et c’est quoi le vote ? Quelles sont les histoires de votes ? Et la république ? Qui est la république ? Et depuis quand ? Quelle légitimité ont les représentant·e·s de la res-publica lorsque le taux d’abstention atteint 30% aux dernières présidentielles ? Peut-on parler ici de contrat social ? De pacte républicain ? C’est quoi donner, confier son pouvoir à des autres, à quels autres ? Quelle nécessaire confiance doit se jouer dans cette passation ? Et que se passe-t-il quand cette confiance se rompt ? Où en sommes-nous de nos démocraties représentatives ? Qui y croit encore et qui n’y croit plus, et pourquoi ?
Vaste chantier. Graves questions. Beau terrain de jeu.