Nuées d’artistes ~ Floriane Durey ~

© Marie Monteiro
Nuées Blanches
Une autofiction réaliste de Floriane Durey 587 pages – interligne 0,5 – taille de typo 8
Anecdote 1/ 1837
 
À Villeneuve-les-Salines, nous avons eu l’autorisation immédiate de l’église pour réaliser un collage. C’est un jeune dealer qui nous a dit que cela ne se faisait pas de coller quelque chose à cet endroit, que ça n’était pas respectueux. Du coup, nous lui avons fait choisir la question que le petit garçon soufflerait, tout en parlant de religion. Il a eu l’air apaisé de choisir « Comment s’aimer ensemble ? ». Cela a fait basculer notre envie d’interroger les lieux emblématiques, vers un soutien à leur cause. Je me suis un peu sentie Duquesnoise, dans La vie est un long fleuve tranquille.
Puis, le dealer est parti travailler et est revenu, le temps d’une transaction, voir où nous en étions. Il nous a expliqué qu’il était le seul chrétien de tout le groupe et qu’ils n’en parlaient pas entre amis, que cela leur appartenait à chacun, que pour ceux qui voulaient convaincre les autres, en général, c’est là que les problèmes commençaient.
Un vieux monsieur s’est installé l’air de rien, juste à côté de nous, yeux qui zieutent à travers le journal.
Tout le monde nous a salués en partant.
Un peu inquiets de l’avenir des artistes, avec Arnaud, nous avons acheté de grandes quantités de drogues (on a tout planqué dans la colle), car 50% de notre public sur le dernier week-end était des dealers.
On se demande auprès de qui il faut déclarer les bénéfices. Je n’ai pour l’heure pas trouvé la rubrique sur le site de l’URSSAF. Du coup, je leur ai envoyé un message pour leur demander comment être en règle. J’ai précisé que le CNAREP nous avait grandement facilité les relations avec les habitants de ces quartiers et était donc en partie responsable du succès de notre entreprise future.
Ouf, il n’y a pas 587 pages…
 
Floriane Durey