GILDAS PUGET
© Hervé Vanneroy
Gildas Puget fait ses premières armes sur les pavés à la fin des années 90, notamment à La Rochelle, en créant la compagnie Atomic qui tournera, quatre années durant, un spectacle survolté basé sur des techniques de cirque approximatives et une énergie débordante. C’est en 1999 qu’il cofonde Qualité Street, dont il est actuellement le directeur artistique.
Le comédien : 25 années de tournées, plus de 1400 représentations, pour tout type de public, sur tout type de scènes, en France comme à l’étranger, en salle comme dans toute la diversité de configurations qu’offre les arts de la rue.
Ses spectacles : Les Champions du Bien (1999-2016), La Fleur au Fusil (2004-2016), La Beauté du Monde (2006), La Lumière de Nos Rêves (2016), Galactic (2020), Jogging (2023).
Le metteur en scène : depuis 2002, il travaille avec une pléthore de formations artistiques, en direction artistique, intervention sur l’écriture, travail dramaturgique, travail sur les personnages, accompagnement artistique de spectacles de musique, danse, conte, ou arts de la rue. Le nombre de compagnies accompagnées par lui dépasse à ce jour la quarantaine.
Le formateur : il dispense des stages amateurs de 2002 à 2017 (prise de parole, seul en scène, les techniques du comédien au service de l’enseignant). En 2018, il crée un stage plus singulier et à l’intention des professionnels : La création du personnage. Depuis 2021, il donne également, dans le même cadre le stage, Musicien et personnage. Qualité Street a obtenu, en tant qu’organisme de formation, la qualification Qualiopi, référentiel national.
L’auteur et le co-auteur : Les Toqués Galactiques (1997), Les Champions du Bien (1999), La Fleur au Fusil (2004), Élixir (Little Big Swing) (2013), Guard Save the Queen (Radiocique) (2018), Galactic (2019), Aux étoiles (2021). Il a également publié deux pièces : La Beauté du Monde (2006) et La Lumière de Nos Rêves (2016), ainsi que le recueil Frères d’Art, histoires courtes des Arts de la Rue (2021).
Au-delà de ces activités, Gildas Puget a initié la création de plusieurs festivals et événements publics, programmé des spectacles, composé des musiques de scène, milité pour l’art dans l’espace public, scénarisé des jeux de rôles, écrit des nouvelles, chanté ses chansons dans un groupe de rock, animé des émissions de radios, écrit des chroniques pour des magazines, et embrassé la vie avec ardeur.
Questions-réponses avec Gildas Puget
> Être artiste associé au CNAREP Sur le Pont, ça veut dire quoi ?
À mes yeux cela veut dire une grande joie, parce que rien ne me fait plus plaisir que de travailler avec mes frères d’art.
Il faut savoir que c’est l’une des singularités du mouvement des arts de la rue, que nous ayons tant d’histoire commune.
Si les arts de la rue sont un mouvement qui se reconnait plus particulièrement que d’autres, il y a de bonnes raisons à cela.
Je sais que je partage avec mes pairs de longues années, plusieurs décennies, de vécu pur.
En effet, nous sommes des centaines à avoir traversé les mêmes événements fondateurs, et à partager donc, plus qu’une culture, un réel passé en commun, un patrimoine émotionnel.
Lorsque que je discute avec ceux qui font les arts de la rue aujourd’hui, je me rends rapidement compte qu’ils ont eux aussi, été présent au festival d’Annonay en 1998, ils ont vu la caravane de Jean Louis 2000 brûler, ils ont vu Ilka Schônbein jouer sur le macadam, ils ont connu la fédé à l’époque où Jean Raymond Jacob était président, ils ont fait cette fête mythique dans les backstage, ils ont participé à cet événement extraordinaire à édition unique, ou encore se rappellent-ils de moments incroyables passés avec le public, lors de ce festival culte…
La somme de ces instants communs forme une histoire partagée, une fraternité peu commune, et bien que nous soyons un peuple bigarré et sauvage, notre tribu se raconte la même fiction.
Elle ne partage pas qu’une pratique ou un milieu contextuel, elle fait corps, dans la yestalgie.
J’aurais plaisir à m’enrichir en travaillant avec le CNAREP, en découvrant une façon d’aborder le public que ma compagnie ne pratique certainement pas, par nature.
Je vais y trouver des individus différents, des savoirs et des points de vue qui vont m’apporter.
Et pouvoir m’approcher au plus près d’un territoire que je ne connais pas, qu’il va me falloir séduire, gagner. Cette approche douce et projetée dans un temps long est certainement l’un des aspects les plus excitants, parce que nous nous donnons le temps, et que dans le temps de belles relations se construisent. Je rêve loin.
Cette joie c’est aussi celle de l’ouverture des possibles, car la liberté, la vie, les opportunités nous guideront dans l’élaboration de cette association, sans doute autant que ce que nous aurons établi d’avance.
J’espère aussi que le CNAREP puisera dans cette association notre énergie, et qu’il nourrira ses actions du feu qui nous anime. Pour lui-même comme pour le public de la ville, notre association peut apporter une couleur, une dynamique complémentaire à ses missions, et nul doute qu’en nous mettant au contact des habitants, il saura faire naître ce qui fait battre nos cœurs: des moments de fictions communes qui inspireront le réel, et par lesquels nous ferons humanité ensemble.
> Mais quatre ans, c’est long ?
Oui, surtout à deux dans un ascenseur enfermé 24h/24.
En revanche, à soixante-quinze mille, sur vingt-huit kilomètres carré et en se voyant de manière épisodique, c’est tout à fait raisonnable.
> Et à quatre, ça donne quoi ?
Ça donne l’occasion de se dire nos quatre vérités.
Elles nous apporteront par leurs croisements comme par leurs unicités. Je me réjouis particulièrement de mieux découvrir les univers de ces 3 collègues, et je suis certain que nous trouverons les voies pour un travail commun fructueux.
Voilà qui ouvre de nouvelles perspectives, comme si d’une seule direction nous ouvrions notre rose des vents aux quatre points cardinaux. Cela nous donne une force commune, et plus d’horizontalité lors de cette session de quatre ans, je vois donc cela d’un très bon œil.
> Dans le projet du CNAREP, qu’est-ce qui t’inspire ?
Sur le Pont.
> Et l’espace public, en ce moment, ça t’évoque quoi ?
Je préfère la piscine à l’espace aquatique, la cave à l’espace œnologique, la librairie à l’espace culturel, le parc à l’espace vert, le ciel à l’espace aérien, la ville à l’espace urbain, et la rue à l’espace public.
La rue, c’est l’endroit partagé où nous vivons ensemble, où nos enfants s’éduquent au monde extérieur, où nous tenons la porte, où nous sourions aux gens qui partagent le trottoir, où nous nous asseyons sur des bancs, où nous échangeons, où nous faisons société, où nous construisons notre identité commune, où nous sommes utiles les uns aux autres par notre collaboration et notre reconnaissance.
Où nous voulons trouver de la joie, de l’humain, du beau, et de l’art. Où nous voulons nous mêler à nos frères.
Sans barrières, sans contrôles, je suis à cent pour sans.
> Si tu traversais La Rochelle… ?
Ce serait sur une structure de 3m de haut, un micro à la main, ou avec douze personnages déjantés lâchés dans la rue, ou un écritoire à la main, ou en projetant les images des souvenirs de la ville sur ses murs, mais ce serait certainement plein de mots et de belle énergie.
Qu’est-ce que tu prévois pour notre prochaine rencontre ? Un appareil photo et un carnet de notes vierges.
> Qu’est-ce que tu prévois pour notre prochaine rencontre ?
Un appareil photo et un carnet de notes vierges.
> La question que tu aurais aimé qu’on te pose, sur cette association ?
Celle-ci, parce qu’elle démontre votre qualité d’écoute.